vendredi 1 août 2008

Chronique de fin de semaine

J'avais tout pour être heureuse. 
Je suis partie mercredi passer quelques jours chez ma mamie que je n'avais pas croisée depuis deux bons mois. J'étais assurée de pouvoir lézarder à ma guise dans la cour de sa maison au milieu de la forêt de Rambouillet. Ma mamie s'occupe toujours de tout et très bien. On arrive, on mange au chinois qui fait un buffet terrible qu'on dévalise jusqu'à se pourrir le bide puis on roule vers la maison du bonheur avec au programme lecture, sieste et ping-pong.

Sa maison est depuis que je suis toute petite un de mes lieux madeleine. Un qui n'a pas changé, où le temps et les habitudes sont restés ceux de l'enfance. Le portail qui s'ouvre, la voiture qui roule sur le gravier de la cour, le bichon qui aboie. Les journées s'y passent toujours calmement depuis que mon frère et moi nous ne nous battons plus. On se lève, un petit déjeuner paresseux autour de Chocapic, une douche rapide après passage sur la balance-menteuse. Ensuite viens le repas, toujours excellent, trop copieux mais tellement bon. Des patates sautées, des rillettes et du saucisson d'Italie, des haricots du jardin, de la sole et du clafoutis. Des choses simples mais bonnes, des produits toujours de la meilleure qualité et en quantités extraordinaires, comme ci le pouvoir d'achat morose n'avait pas de prise sur mon ancienne grande bourgeoise de grand-mère.
Le reste de la journée suit le même rythme, entre activités timides et collations méritées. Le tout sans rien faire puisque mamie ne partage pas sa besogne, préférant rester en coulisses en devisant avec le chien. Elle nous dit que "vraiment qu'est ce qu'elle ne ferait pas pour nous" et qu'elle se fatigue pour nos petites personnes mais on le sait tous qu'elle adore nous avoir et nous couvrir d'attention. Mon frère et moi somme sa famille la plus proche aujourd'hui et c'est en partie avec elle que j'ai passé mon enfance. J'aime l'écouter parler de ses amis du coin, de Jean Rochefort et de ses chevaux, de sa vie d'avant dans les beaux arrondissements, des soirées boulevard Exelmans, de la réception dans la galerie des Batailles à Versailles, des bonnes et des manteaux de fourrure. Ma mamie a de la classe et une vie qui a tout d'un autre temps. Elle me parle de mon grand-père, le grand homme absent de ma vie, l'homme de science, celui qui avait la fortune, les idées et la vie, celui qui continue d'exister un peu à travers les souvenirs épars de ma grand-mère, amoureuse toujours jeune de cet homme opaque aux contours flous. Elle me parle de "ton grand-père" qui n'est pas une réalité tangible mais dont le mystère et l'esprit me manquent. Elle me dit souvent la même chose mais ce n'est pas grave. Qu'importe qu'elle se répète et qu'elle ne soit plus aussi jeune que je la connaissais. Elle est là et avec elle la certitude d'une histoire qui me fait rêver, la sécurité d'un îlot qui ne bouge pas, d'un monde légèrement changeant mais qui tient toujours.

La vie avec elle est ennuyeuse à la longue mais je reviens toujours la voir car sa maison en bord de forêt, c'est la maison de mes souvenirs, mon domaine de petite fille.
Tout ça pour dire que deux jours chez ma grand-mère à vivre une vie de pseudo-rentière, à ne se soucier de rien et à ne penser à rien d'autre que la fin palpitante de Millénium auraient du être une partie de plaisir sans ombre au tableau. Mais il y en a une et elle est rouge.
J'ai passé l'après-midi à lire la Reine dans le palais des courants d'air sous un parasol, les jambes pliées et les pieds dans une bassine d'eau assurant un maintien à une température convenable de ma personne. 
Et j'ai quand même attrapé un coup de soleil.
Sur les genoux.
Les deux.
Rouges.
Blasée.

La photo date de l'année dernière, le jardin de ma grand-mère, autres circonstances. Pas de rapport avec l'humeur du jour si ce n'est l'endroit. Une image du bonheur sans doute et l'idée que ma vie est ici toujours aussi simple et joyeuse qu'il y a 15 ans quand je suis montée pour la première fois dessus.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est mignon mais un peu tristouille tout ca p'tite Nanais. Moi qui pensais etre dans les plus grandes nostalgiques... ^^
Bah bravo hein...
Un peu c'est bien, mais trop non :)
zouzou

kaddan a dit…

"autres circonstances"?
un article!! un article!!

Anaïs a dit…

Et oui, tu me connais Matou, sous ma carapace d'indifférence jouasse se cache . . bah je sais pas trop mais se cache un truc ^^

kaddan : hum non pas d'article sur ça, je t'en papoterai si tu veux mais pas ici, j'ai ma pudeur tout de même ! ( ahahaha on y crois )